mercredi 12 décembre 2007

Trip Fraser Island.

Tuesday December 6th
On se lève aux aurores pour continuer la route et arriver à Harvey Bay pour notre rdv au Aussie Trax : l’agence qui nous a permis de nous offrir notre cadeau de Noël, Le Trip sur Fraser Island.

Après un briefing sur les risques de la conduite 4x4, nous partons direction l’embarcadère et nos premiers tours de roue sur l’île.

Nous débarquons enfin sur l’Eden pour rapidement plonger dans « l’enfer vert ».



La jungle.
La vraie.
La Rain Forest.
Dominance des verts.
Des arbres de diverses tailles, des lianes, des palmiers fougères, des cris de perroquets, des chants d’oiseaux et une piste se perdant au milieu de tout ça.

Passage en mode 4x4 et Zou ! Gaël s’en sort plutôt bien, pendant les premières quinze minutes environ.

Mais c’est rapidement la panique et nous nous enlisons au premier passage, que l’on nommera, « de niveau 2 » (c'est-à-dire sable très fin, le niveau 1 étant des passages sans trop de difficulté).
Je revois en une fraction de seconde, ces images des coureurs du Paris-Dakar enlisés dans les dunes et la pensée qui à chaque fois me traverse la tête, me revient à l’esprit.

Vive la galère.

Un autre 4x4 arrive en sens inverse, puis deux autres derrière nous, le stress monte d’un coup, nous sommes en train de bloquer tout le monde.
L’un des « apprentis explorateurs », certainement plus expérimenté vient à notre rencontre, et fait ce qu’on aurait dû faire dès notre arrivée, c'est-à-dire dégonfler nos pneus à environ mi-pression.
Tout de suite, ça passe vraiment mieux.

Dans l’île, les indications ne sont pas très bonnes et nous avons peur de nous être perdu.
Le trajet dans la jungle nous semble interminable.
Mais nous voyons enfin que la forêt devient peu à peu plus clairsemée, et rapidement nous apercevons à nouveau notre Océan. Et soudainement, nous nous retrouvons sur la plage.

Je devrais plutôt dire :
« Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Voici La Plage. »

Avec ces 90km de long environ, elle semble infinie tant à notre gauche, qu’à notre droite. Des vagues presque parfaites, une eau à la température certainement idéale.
« Pourquoi "certainement", vous ne l’avez pas goûtée, vous ne vous êtes pas jetés à l’eau dès votre sortie de la jungle ? » Pourriez vous nous demander, ben non.

En fait, il est interdit de s’y baigner car plus qu’ailleurs, il y a les risques nommés requins et box jelly fish (vous savez cette méduse qui vous laisse quelques minutes à vivre après vous avoir piquée).
Bref pas question d’y mettre un orteil. Mais ne vous inquiétez pas, cette île regorge de dizaines d’autres trésors.

En fait, cette plage sert à marée basse d’autoroute sur l’île. C’est le moyen le plus rapide de joindre le nord au sud en véhicule terrestre. Petite remarque marrante, la vitesse y est limitée à 80km/h et elle sert même de piste pour les avions de tourisme. Cela semble incroyable de rouler à 80 sur une plage, non ?

Après avoir rapidement posés nos affaires au bungalow de Happy Valley (un petit hameau de bungalow), nous filons à 20km/h vers le lac le plus proche, le Lake Garawongera.
Un tableau magnifique se dresse devant nous.


Un ciel au bleu profond, les nuances de vert de la jungle.
Les berges du lac sont formées par un sable blanc comme je n’en ai jamais vu.


L’eau est d’une couleur situé entre le jaune, l’orange, le rouge et le noir suivant les endroits.
Nous y sommes seuls et y restons jusqu’au crépuscule profitant de tout les tons donnés à cette toile par le soleil couchant.

Nous irons ensuite nous promener sur la plage à la nuit noire.
Plusieurs surprises nous y attendent.
Un ciel majestueux, des milliers de petits joyaux brillent au dessus de nos têtes.
Première surprise, je n’ai jamais vu une telle concentration d’étoiles. La seule constellation que nous réussissons à identifier est celle d’Orion. C’est quelque peu déstabilisant et tout à fait dépaysant de ne pas reconnaître les constellations qui bercent nos nuits depuis notre plus tendre enfance.

La seconde surprise est ce que nous pensons être, le photoplancton, qui est un type de plancton luminescent, particulièrement spectaculaire lors des plongées de nuit.
Ici, il est piégé à cause de la marée dans le sable humide.
Et nous le révélons en faisant glisser nos pieds sur le sable. Nous laissons alors une fugitive traînée lumineuse sur nos traces.
C’est réellement magique, nos pieds se transforment un peu en « fée clochette » soupoudrant le sol de sa poussière d’étoile vert anis.

Après cette balade sur la plage, nous nous enfonçons un peu dans la jungle en suivant une piste, espérant apercevoir la faune nocturne et en particulier le dingo.
C’est une sorte de chien sauvage d’Australie qui sur cette île est dit « pur » car non « contaminé » par les croisements éventuels avec les chiens domestiques.


Nous rentrons bredouilles car hormis quelques araignées (grosses araignées) au centre de leurs toiles, nous ne voyons rien.
La fatigue se fait sentir et après avoir planifier la journée du lendemain, nous allons nous coucher.

Tiens, au fait c’est ma fête aujourd’hui!


Friday December 7th
Programme chargé pour aujourd’hui, nous décidons d’aller explorer l’île au nord de notre campement.
Lever aux aurores, nous filons sur la plage et arrivons les premiers à Eli Creek. Une petite rivière serpentant paresseusement au milieu d’une végétation luxuriante.
Quel bonheur de se retrouver seuls en cet endroit plein de magie. Nous nous attendons à voir à tout instant des petites fées au détour d’un coude de la rivière.
L’eau est rafraîchissante.


Nous remontons le courant sur quelques centaines de mètres puis nous nous laissons porter par lui à la redescente.

Douce quiétude de ces lieux.

Rapidement troublé par l’arrivée d’un car de touriste 4x4, mais allez-y, nous, nous avons fini notre petit tour.

On rembarque dans le 4x4 pour prendre la direction de Maheno Wreck, l’épave d’un navire s’étant échoué là dans les années 30.

Un sorte de vestige avant l’heure, de notre civilisation moderne.


Le temps fait vite son œuvre et il ne reste qu’un squelette d’acier rongé par la rouille.
Je me demande alors quels vestiges de notre civilisation vont visiter les touristes de demain ?
Nous, qui sommes si fier de notre progrès technologique ?
Les civilisations que nous disons antiques, ont réussi à bâtir des monuments qui ont su résister à deux millénaires voire plus, alors que nos navires d’acier ne sont même pas capables de résister à un siècle.

Quelles traces laisseront nous dans le temps ?
Le réchauffement climatique peut-être.

Laurie et moi testons un peu la conduite 4x4 (il n’y a que deux conducteurs déclarés) puis Romain prend le volant pour nous conduire au Lake Allom.

Après quelques kilomètres sur la plage, c’est à son tour de faire la connaissance avec les pistes traversant la jungle.
Nous nous arrêtons quelques instants, le temps de se sentir petit au milieu de ces arbres géants et de cette végétation luxuriante.



Au passage, nous admirons la Knifeblade Sandblow, une immense dune de sable envahissant peu à peu la jungle ou c’est peut être l’inverse, une des dernières dunes à résister à l’envahisseur végétal.
En fait, cette île devait être avant une immense dune de sable, et peu à peu la flore et la faune ont dû y prendre pied.

Nous arrivons au Lake Allom.
Il ressemble un petit peu à celui d’hier, mais en plus sauvage, il y a plus de roseaux mais surtout, il y a des tortues se baladant dans les eaux du lac.
Nous en faisons le tour par un petit sentier passant un peu dans différents types de végétations, de la forêt « sèche » à celle plus humide.
Nous reprenons la route ensuite pour rentrer à notre camp de base via une longue boucle (environ 4O km de pistes) dans les terres.

Pendant le trajet, un panneau nous annonce un lac à quelques kilomètres de marche de là, nous décidons d’aller y jeter un coup d’oeil afin de voir la faune en dehors des chemins touristiques.
Après environ deux kilomètres de marche à travers le Bush (je ne sais pas exactement à quoi ressemble le vrai bush mais ici ça ressemble vraiment à l’idée que je m’en étais fait).
Heureusement pour nous, le soleil est plus ou moins caché par les nuages, et la température est largement supportable. Nous arrivons néanmoins en sueur au lac.
Il n’en vaut pas exactement le détour. Quelques tortues nous accueillent.
Heureusement la marche nous a permis de voir des paysages différents que dans le reste de l’île.
Un paysage beaucoup plus sec, composé d’eucalyptus, d’arbres fougères et d’une sorte de yuccas qui a la particularité d’être assisté par le feu lors de son cycle de reproduction.

Je m’explique, en fait, le feu permet une dispersion optimale de ces graines. Plutôt étrange non ?
En fait, en Australie de nombreuses plantes se sont adaptés au feu et même l’utilisent. Le feu nettoie les forêts en brûlant toutes les petites plantes un peu envahissantes, les vieux arbres ou ceux malades et fertilise les sols.
Ce qui permet une régénération des forêts.
Nous qui le considérons comme un élément destructeur, ici il favorise la vie.

Au retour, nous décidons de faire un petit détour par « notre lac » (Lake Gawarongera), histoire de se rafraîchir un peu.
Laurie et moi reprenons le volant, et goûtons aux joies de la conduite sur piste sur quelques kilomètres.
Passage dans le sable fin pour moi et passage dans trous, bosses et racines pour Laurie. De bonnes sensations et simultanément pas mal de stress car le véhicule fait un peu ce qu’il veut (est-il normal de continuer à aller tout droit alors que j’ai tourné le volant de plus de 90° ???).

Retour à la base, et là, surprise, nous ne sommes plus seul.



Deux groupes sont arrivés pendant notre absence, sud-coréens et hollandaises/allemands.
Nous passons une excellente soirée en leur compagnie, nous allons tous sur la plage pour leur montrer l’effet « photoplancton » dans le sable.

Romain, Laurie et moi éprouvons la même chose alors, cette sensation en regardant ce ciel étoilé unique : c’est la dernière fois que nous vivons ce moment magique.
L’émerveillement de nous voir si petits face à l’immensité de l’univers, nos amis « d’un jour » en train de délirer avec nous, la venue impromptue d’un dingo curieux s’invitant à la fête (et dire qu’ils sont soit disant sauvages et craintifs).
J’en suis encore ému rien qu’à l’évoquer par écrit, et j’espère que cela restera gravé en moi.
Suite à cette soirée unique, je suis bien décidé à profiter à 200% de cette aventure qui nous est donné de vivre. Et par extension, de la vie en général et de tout ce qu’elle nous offre.



Saturday December 8th
Une journée au timing serré nous attend car il reste beaucoup de chose à voir mais nous devons nous rendre à l’embarquement pour rejoindre le continent.
Nous devons faire des choix difficiles.
Nous traçons sur la plage direction les Rainbow gorge et la Kirrar Sandblow.

Après un bref parcours à pied, nous nous retrouvons au milieu du désert ou sur la lune suivant l’endroit où nous regardons.



Du sable fin partout et de différents tons allant du blanc au noir en passant par le rouge et l’or, des roches si chargées en fer qu’elles ressemblent à l’acier rongé par la rouille de l’épave du Maheno.
La séance photo s’éternise un peu et nous retarde pour la suite, mais ce n’est pas tous les jours que l’on peut bénéficier d’une telle vue.



Nous reprenons vite la route, et après un peu avoir hésiter sur la direction à prendre en fonction du temps restant, nous décidons d’aller au fameux Lake McKenzie.

Il paraît que c’est le joyau de cette île.
A l’arrivée, nous sommes étonnés par le monde présent sur les lieux (en comparaison avec le reste de l’île et tout ce que l’on a pu voir jusqu’à présent).
De nombreux dingos sont ici aussi, histoire de profiter de l’aubaine qu’est le touriste prenant son pique nique.
Ils montent sur les toits des 4x4, arrachent les bâches des pick up à la recherche de nourriture.
Avec Gaël, nous essayons d’en chasser un d’un pick up en train de s’intoxiquer en mangeant des sacs plastiques contenant sandwichs ou autres friandises, mais il ne bouge pas d’un poil et nous regarde, menaçant.
Nous comprenons après, pourquoi ils se comportent ainsi, malgré les interdictions, certains n’hésitent pas à les nourrir.

Le Lac.


Incomparable, nous en restons bouche bée.
Un fin sable blanc, une eau allant du blanc au bleu profond en passant par le bleu turquoise et tout autour, la jungle et toutes ses nuances de vert.
Et finalement, pas tant de monde que ça sur la plage.
L’eau est à la température idéale.
Le paradis.
Nous nous éclatons dans l’eau pendant qu’un dingo parcoure la plage de serviette en serviette un peu comme les vendeurs de chichis sur nos plages l’été.
Difficile de quitter ce paradis pour nous rendre à l’embarcadère, nous profitons une dernière fois de cette eau et quittons à contre cœur cet endroit idyllique.

Sur le bateau du retour, nous partageons tous cette même sensation de chute du paradis originel.
Autour de nous, tous les passagers sont plongés dans leurs pensées, revivant leurs souvenirs à chaud et en photos.

Nous passons la nuit à Harvey Bay. Attaque de moustiques et de sand flies (petites mouches à peine visible qui passent au travers des moustiquaires, bref cauchemar des campeurs que nous sommes).



Sunday December 9th
Nous faisons notre plan de trip lors du petit déjeuner. Notre première direction sera Noosa Heads : Retour vers le Sud.
Nous n’irons pas plus loin au Nord.
Un peu de surf le matin.
Effectivement, lors de notre précédent passage, nous n’avons pas pris le temps de visiter le Noosa Heads National Park qui paraît-il, vaut le détour dixit nos amis québécois.
La chaleur nous accable aujourd’hui.
Une belle balade de quelques kilomètres autour du cap. Que nous écourtons un peu, pour nous arrêter sur une sympathique petite plage.





Après quelques brasses, nous apercevons des dizaines de raies cachées dans le sable et décidons de sortir précipitamment de l’eau.
Retour au van, repas, attaque de moustiques et dodo.

Monday December 10th
Départ pour Byron Bay et retour dans l’état du New South Wales.

1 commentaire:

G@thoune a dit…

Mieux qu'un livre de chevet et plus enrichissant que les programmes tv de nos soirées métropolitaines !! Quelques minutes ou enfin tram-boulot-dodo ne se font plus sentir et où à n'importe quelle heure de la journée on peu se payer une bonne tranche de ''enfin ailleur'' !
Merci pour ce beau livre d'images et de rêves !

gros bisous à vous and have fun !